Là où peu de gens regardent
Aujourd'hui j'aimerais vous entretenir sur un sujet qui me tient énormément à coeur et dont à peu près personne ne parle: l'influence des textes.
Tout au cours du primaire et du secondaire, dans les disciplines des langues (français, anglais, espagnol), les élèves lisent des centaines de textes, de différentes grandeurs, allant du petit extrait d'un paragraphe au roman de 400 pages, en passant par l'article scientifique d'une page.
Or, s'est-on intéressé, dans le monde de l'éducation (je pense ici aux « spécialistes ») aux effets des contenus de ces textes sur les ados et les enfants? Si la réponse est oui, c'est équivalent à une goutte d'eau dans l'océan. J'estime cela immensément disproportionné par rapport à l'influence de ces textes sur la jeunesse (pensez opinions, choix, décisions, estime de soi, bien-être, etc.). En fait, les discours véhiculés dans ces textes sont autant de machines à forger la société en formant les individus selon un idéal... pas toujours idéal.
Est-ce que cela se fait inconsciemment ou est-ce l'oeuvre de marionnettistes: probablement un peu des deux. Il reste que lorsqu'on s'y penche un peu, on fait des découvertes qui perturbent.
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Alors que plusieurs textes à première vue anodins influencent l'inconscient des lecteurs, d'autres sont plus directs et passent des messages qui en choquent plusieurs. Le problème n'est pas tant le sujet lui-même que la façon dont il est traité. Trop souvent, on se croirait à l'église en 1952. Les textes disent carrément « Ne faites pas ceci, faites plutôt cela » ou « Ceci est bien, ceci est mal ». Si c'étaient des textes d'opinion pour lesquels on demandait aux élèves leur avis en leur montrant des avis contraires, il n'y aurait pas lieu de s'indigner. Mais ce n'est pas le cas. On gave sans questionner. On prend ce qu'il y a dans les manuels et les cahiers sans se soucier de l'influence.
Le pire, pour en avoir été témoin à plusieurs reprises, ce sont les textes dans les évaluations...
Demandez-vous pourquoi.
Que vous croyez ou non à une conspiration, je souhaite surtout qu'on soit plus sensible aux effets. Je traite souvent de cette sensibilité avec mes élèves. Je leur donne l'exemple des feel-good movies en leur disant: « Si ce que vous lisez ne vous fait pas sentir bien, c'est que vous n'avez pas la bonne perspective ou que vous n'avez pas la bonne lecture. Méfiez-vous! ». Puis, je leur dis que c'est la même chose avec ce qu'ils écrivent.
Et non ce n'est pas vivre dans un monde de calinours. C'est au contraire rester critique, réaliste, éveillé, intelligent. C'est choisir au lieu de subir.
Oui, méfiez-vous, sans devenir paranoïaque, car les pensées ont une influence sous-estimée dans nos journées. Et l'accumulation de pensées range une vie dans des sillons que bien souvent nous ne choisissons pas.
À méditer.
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